Il s'avère que plusieurs courants de pensée et un certain
nombre d'écoles ont vu le jour au cours des siècles en ce qui concerne l'art de
la pratique du jeu d'échecs.
Sur la base de nos connaissances historiques actuelles, on
peut considérer qu'il y a eu concernant ce jeu de stratégie combinatoire
abstrait des phénomènes de modes mais aussi différents courants plus ou
moins techniques et rationnels; ces courants furent parfois complémentaires ou
bien carrément en opposition.
En outre, ces modes et ces courants furent amenés à prendre
en considération les évolution importantes qui sont intervenues dans les règles
du jeu à différentes époques dont celles du 15ème siècle qui comprirent
notamment le sacre de la dame (1).
l'école romantique
Cette école préconise en tout premier lieu "une attaque
à tout va" au détriment du matériel. Ses meilleurs représentants sont au
17ème siècle l'Italien Gioachino Greco et au 19ème siècle l'Allemand Adolf
Anderssen et l'Américain Paul Morphy.
l'école de Modène
Ecole italienne du 18ème siècle de la ville de Modène en
Emilie-Romagne. Elle comprenait Ercole Del Rio, Giambattista Lolli et Domenico
Lorenzo Ponziani. Avec le Syrien originaire d'Alep Philippe Stamma, ils font
partie en quelque sorte, à la suite de Gioachino Greco, des précurseurs de
l'école romantique qui préconise, comme mentionné plus haut, "une attaque
à tout va".
L'école de Modène oriente vers un jeu encore primitif qui
est agressif et spectaculaire et dans lequel il n'y a pas de place pour le
moindre attentisme. L'école de Modène aborde les ouvertures, les finales et la
tactique dans le milieu de jeu mais n'aborde pas la stratégie.
l'école classique
Le Français François-André Danican Philidor qui est
contemporain de l'école de Modène et de Philippe Stamma innove en créant ce
qu'on appellera plus tard l'école classique.
Philidor renonce aux attaques précoces sur le roi adverse et
préconise un jeu positionnel et une stratégie dans le milieu de jeu. Cette
avancée fut majeure et permit à Philidor de s'imposer assez aisément face aux
meilleurs joueurs de l'époque (2).
L'école initiée par Philidor fut perfectionnée au siècle
suivant par le joueur d'origine autrichienne Wilhem Steinitz (3).
l'école soviétique
L'école soviétique qui a succédé à l'école russe constitue
une évolution par rapport à l'école classique. Elle consiste à accepter des
faiblesses dans son jeu en échange de possibilités d'initiatives. Mikhaïl
Botvinnik est considéré comme le "patriarche" de ce style de jeu qui
a été accepté en URSS par ses contemporains.
l'école hypermoderne
L'école hypermoderne d'échecs ou école néoromantique se
situe dans le prolongement de l'école classique. Les hypermodernes délaissent
la recherche d'occupation du centre de l'échiquier dès la phase d'ouverture de
la partie pour un contrôle de celui-ci à distance.
La méthodologie de cette école est tout à fait fiable et
marquera un tournant très significatif dans la manière dont il est possible de
jouer.
(1) La dame est la pièce particulièrement puissante que nous connaissons aujourd'hui. A cette époque, elle succède au "vizir" du monde arabe qui lui même avait succédé un peu plus tôt au "ministre" indien. (2) François-André Danican Philidor s'est imposé très facilement face à Philippe Stamma à Londres en 1747. Jusque là le Syrien Philippe Stamma était considéré comme étant le meilleur joueur de l'époque. (3) Wilhem Steinitz devint le premier champion du monde officiel en 1886.